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Un exemple de prise en charge collective: Une communauté voit grand !

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Pour maintenir ses services de proximité et garder son école ouverte, la population de Saint-Camille a misé sur l’attraction de jeunes familles. Comment? En les invitant à s’installer dans l’ancien secteur le plus peuplé du village. Voici l’incroyable histoire d’un groupe de bâtisseurs!

Au tournant du millénaire, Saint-Camille a constaté que des 1400 habitants qu’elle avait au début du 20e siècle, elle n’en comptait plus que 420. Les services de proximité et l’école du village étaient alors menacés de disparaître. Afin d’assurer sa pérennité, la population a choisi d’intervenir directement à la source : elle a entrepris de recruter de nouveaux Camillois! Elle s’est donné le défi d’accroître sa population de 10 % en 10 ans.

Une vision commune du développement

Il faut dire que la communauté de Saint-Camille n’en était pas à son premier projet. Elle avait déjà transformé l’ancien magasin général en P’tit bonheur et le presbytère en coopérative d’habitation. Les acteurs du milieu ont, au fil du temps, forgé une vision commune du développement à long terme. Ils ont compris que leur développement devrait miser sur les attraits du village : son esprit communautaire, son dynamisme culturel et son emplacement au cœur d’une campagne nourricière. Plusieurs projets ont été conçus pour arriver à relever le défi. Parmi ceux-ci, il y a eu l’idée de la diversification économique. « Au lieu d’attirer une entreprise qui allait créer de l’emploi, le village a décidé d’attirer des gens qui allaient fonder des entreprises! », explique Joël Nadeau. De nombreux travailleurs autonomes et travailleurs à domicile ont donc choisi Saint-Camille pour se lancer en affaires, créant ainsi 4 entreprises et une vingtaine d’emplois. Et où est-ce que ces nouveaux arrivants se sont installés? Au fameux rang 13!

Les mystères du rang 13

Autrefois l’un des rangs les plus populeux du village, cet endroit était, à l’époque du projet, une zone inhabitée située à treize kilomètres du centre du village. Plusieurs doutaient de l’intérêt qu’il susciterait. Isolé, inaccessible en voiture et dépourvu des installations permettant d’y avoir l’électricité ou Internet, le rang 13 devait absolument être transformé afin de permettre aux familles d’y vivre et d’y travailler. Ce lieu a toutefois réussi à charmer plusieurs familles qui rêvaient de s’installer dans cette belle vallée sillonnée d’une rivière et offrant de superbes paysages montagneux.

Création de la coopérative

À l’origine du projet, les futurs acheteurs ont choisi de former la Coopérative du rang 13. La mission de l’entreprise : développer les infrastructures (route, électricité, télécommunications, etc.) pour permettre aux familles de s’installer et de commencer leur vie à Saint-Camille. Ils avaient de grands défis logistiques et financiers devant eux. Sans compter que plusieurs devraient en plus construire leur propre maison! Il leur a fallu trouver des solutions très novatrices. Il y avait une bonne part d’incertitude dans ce projet. Les enjeux étaient importants. « Quand on a commencé, on ne connaissait rien. Les gens qui se sont impliqués avaient une grande ouverture d’esprit, une capacité d’apprentissage et d’adaptation », se rappelle Joël Nadeau. Pendant les deux années de travail intensif pour réaliser le projet, une synergie s’est développée entre les membres, qui ont aussi établi une charte des valeurs et principes communs. Ils désiraient que chaque décision fasse l’objet d’un consensus.

Selon les membres, le projet du rang 13 n’aurait pu être pris en charge par une autre forme d’entreprise que celle qui a été choisie. Qui plus est, la coopérative leur a ouvert beaucoup de portes, facilitant notamment la collaboration avec les institutions financières. L’expérience a été très exigeante pour les membres. Malgré cela, « c’est une expérience que tout le monde a beaucoup appréciée », commente Joël Nadeau.

Les réussites

Après plusieurs mois d’efforts, les 25 lots ont finalement tous été vendus, et 23 familles se sont déjà installées au rang 13, ce qui a amené environ 80 personnes de plus à Saint-Camille, dont une trentaine d’enfants. L’augmentation de 10 % souhaitée au départ a été atteinte : les chiffres indiquent même un accroissement de la population de l’ordre de 17 %! Qui plus est, 75 % de ces arrivants ont entre 25 et 30 ans. La dynamique de l’endroit a donc beaucoup changé. De nombreuses familles ont construit des maisons écoénergétiques, et les nouveaux citoyens s’impliquent dans les quelque trente organisations du village, dont le conseil municipal.

Mettre sur pied pareil projet, « ce n’est pas une marche de santé, mais ce n’est pas non plus un chemin de croix. Les gens travaillent fort, ils sont brûlés même souvent. Mais l’objectif est valorisant », nous dit Joël Nadeau. À savoir si un projet similaire pourrait s’implanter ailleurs, les membres pensent que oui. « Ça ne donnera jamais les mêmes résultats d’un endroit à l’autre, parce que les ingrédients ne peuvent être identiques. Mais une grande force de la formule coopérative, c’est qu’elle permet de s’adapter au milieu, aux gens et aux besoins », mentionne Anne-Marie Merrien. « L’important, c’est aussi de se dire que ça se peut! »

[1] Merci à Joël Nadeau et Anne-Marie Merrien, membres de la Coopérative du Rang 13, d’avoir partagé leur expérience avec nous!

Cet article est tiré du site web: www.economiesocialeestrie.ca

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